![]() |
Auteur : Corinne HOEX Genre : poésie Date de parution : 2015 |
Jadis vivait ici
En poésie, l’auteur peut creuser, forer plus loin sa voie. Découvrir de nouvelles parcelles. Explorer les rives de l’expérimentation. Corinne Hoex appartient d’emblée à la deuxième catégorie, puisque, après l’étonnant « Décollations » - qui flirtait avec une relecture du lexique - , après le poignant « Celles d’avant » - consacré à la figure des mères et autres aïeules -, la voici, de nouveau en quête d’inconnu, direction Moyen Age.
Tout le livre est sans doute une manière d’ethnographie des usages d’alors. Non seulement, tout le « lexique » aussi y passe (que de termes botaniques aux consonances « diaboliques » comme « mélampyre des champs » et autres herbacées), mais il y a volonté d’écrire pour évoquer sous toutes les coutures ce « jadis » de nos chansons, contes et autres croyances.
En six tranches de poèmes brefs, souvent elliptiques, Hoex dévide ses multiples connaissances et références médiévales, sans en faire un pavé d’érudition massive et compacte, non, mais une insertion à vif dans la vie d’alors, vrai tissu d’usages, d’héraldique, de joutes où »ton jaseran étincelait », d’initiation « aux charmes » d’une époque par ailleurs terrible, vénéneuse, de chasses et de rapines, de « galop » et « de grand veneur ».
Toute l’époque – religieuse, politique, sociale, faussement médicale – s’y retrouve : et le « graal solitaire » n’est pas en reste au milieu du « saint chrême » et autres huiles !
« Tu as eu jadis une mandorle de lumière pour vêtement » : nous voilà plongés dans les « petites gloires » ovales d’un monde disparu, sauf à franchir les portes basses des monastères et les porches des autres cathédrales (tiens tiens de nouveau la Sylvestre…clin d’œil comme au portrait de « mes aiëules » de « Celles d’avant »).
Un livre poétique d’histoire des temps jadis.
Philippe Leuckx